Départ pour Nairobi, la traversée de Mombasa ne nous ayant pas laissé un souvenir impérissable, nous optons pour une piste de traverse. Celle-ci passe progressivement de roulante à franchement scabreuse puis la pluie transforme la boue en patinoire. Nous nous retrouvons face à un bulldozer tractant un camion bloqué sur la boue… Obligé de faire marche arrière sur la patinoire de glaise, bombée à cet endroit. Et ce qui devait arriver arriva, on se retrouve dans le fossé, quelques centimètres de déviance et voilà le camion bien penché ! Nous avons eu l’impression de carrément nous renverser contre le talus … L’émotion passée et avec les conseils avisés d’un autre chauffeur, on ressort tranquillement par l’avant et on reprend la route.
Direction Nairobi avec bivouac dans l’enceinte d’un temple sikh. Venus depuis le début du 19eme siècle, pour la construction de la voie ferrée, ils sont aujourd’hui une communauté kenyane. Ici à Makindu, ils accueillent les voyageurs de passage , avec le gîte et le couvert sur donation, dans leur magnifique temple blanc. Nous avons ainsi mangé végétarien à la cantine du temple, et eu un petit aperçu de cette religion de la non- violence née au Pendjab dans le nord de l’Inde.
Le lendemain, nous avons réussi à éviter les bouchons à l’entrée de Nairobi et avons pu nous installer tôt dans l’après-midi à Jungle Junction, un camping situé à Karen. Ce quartier est né sur les terres de l’ancienne ferme de Karen Blixen, suédoise installée au Kenya , célébrée dans le film Out of Africa. Il y a encore sa maison qui se visite. A peine arrivés, nous avons fait la connaissance de Lucille et Bernard, des français voyageurs de Martigues, avec qui nous avons passé un très bon moment. Nous avons aussi rencontré Dorothée Fleck, une allemande incroyable voyageant seule sur son vélo depuis une dizaine d’année (women cycling guide) Non loin de là, se trouve l’orphelinat des éléphants David Sheldrick où nous nous sommes rendus. C’est un endroit où sont recueillis des petits éléphants ayant perdu leur mère dans la nature, ou ayant été sévèrement blessé. Après leur séjour ici, ils sont en principe remis en milieu sauvage dans une horde d’adoption si besoin est. Cela permet de les voir de près et même de les toucher. C’est comme de toucher une croûte d’argile en fait ! Victor avait une petite brindille dans la main, et quand le petit éléphant s’est approché il a fouillé avec sa trompe pour l’attraper.
A la fin, nous avons entendu parler français. les enfants se sont approchés et nous avons fait connaissance de Luce. Nous sommes ainsi allés avec leur groupe d’expat passer l’après- midi. Buffet au Karen Blixen restaurant, en plein air, avec jeux pour les enfants et visite d’un laboratoire de roses, car le Kenya est un gros exportateur de fleurs coupées. Une super après – midi où nous avons connaissance avec des gens très sympas et notamment Camille et Fanny.
Après nos démarches pour le visa éthiopien, nous sommes allés passer une nuit chez elles. Elles sont en fait en service civique au bureau mondial des Scouts à Nairobi. C’est d’ailleurs au Kenya que l’on trouve la tombe de Lord Baden Powell. Pour le visa, nous avons dû attendre notre rendez-vous avec le consul, qui nous a très bien reçu ; lui aussi de la région d’Aix en Provence. Finalement, nous avons les papiers nécessaires pour l’Ethiopie et le Soudan.
Puis direction le Masai Mara, la célèbre réserve animalière du Kenya, joignant le Serengeti côté Tanzanie. Les derniers 60 km de piste ultra poussiéreuse avant l’entrée du parc nous ont démonté le dos et les cervicales, pourtant nous devrions y être accoutumés !!!
Nous prenons une entrée de transit le premier jour, gratuite pour arriver jusqu’à Talek Gate. Nous apprécions bien le Crocodile Camp, au bord de la rivière Talek. Nous partons en safari le lendemain après- midi, et revenons un peu frustrés. Malgré l’abondance d’animaux et la beauté des paysages , nous sentons bien que seuls nous n’allons pas nous en sortir. Ce parc est différent de ceux qui nous avons visité jusque-là.
C’est un entrelac de pistes et de chemins sans cohérence, seule réserve où il est autorisé de faire du hors-piste, et il n’y a pas vraiment de carte. Bref, il nous faut un local pour nous orienter et trouver les bons endroits où voir les félins. Ici, le touriste avide de sensation forte est susceptible de rouler n’importe où quitte à saccager les prairies pour voir un lion de près si il y met le prix bien sûr. Nous n’échapperons pas à la règle. Sauf qu’en rentrant un peu déçu le soir au camping, nous discutons avec les gars qui nous présente Lorenzo, un masaï qui connait ces terres sur le bout des doigts. Il propose de nous guider le lendemain matin pour 12€ . Ça ne se refuse pas, quitte à être bien serrés sur la banquette avant du camion. Nous ne l’avons pas regretté. Partis vers 6h30, il n’a pas fallu attendre pour tomber sur trois guépards et une quinzaine de lions en train de déguster un gnou pour le petit déjeuner. il y avait même le direct live de la chaine TV du National Geographic en train de filmer.
Nous sommes ravis de ces images superbes même si nous n’avons pas eu la chance de tomber sur un léopard, pourtant bien présent partout en Afrique et a fortiori dans cette réserve !!!