50 nuances de bleus

Pour nous un voyage dans le voyage, un pays dans le pays, l’archipel de Zanzibar est un univers à part, une île à la croisée des civilisations et qui a fait sa révolution marxiste. C’est aujourd’hui le gouvernement révolutionnaire de Zanzibar qui est l’entité administrative. Ici se mêlent l’Afrique et le Moyen- Orient ; l’île n’appartient plus au Sultanat de Oman que depuis 1964;  le tout saupoudré d’Inde et bien sûr un zeste de rasta. Roots Natty ! Le slogan ici c’est plutôt Pole pole (doucement) et Hakuna Matata (pas de problème). C’est pourtant bien la Tanzanie. Nous avons pris le ferry de Dar es Salam et hop deux heures plus tard, arrivée au paradis !

Les italiens ont lancé le tourisme dans les années 90, surtout sur la côte nord. En effet, du tourisme il y en a mais à l’africaine ! Rien n’est aseptisé, les lodges et les hôtels se font discrets (du moins sur la côte sud-est), la plage est accessible partout, on peut s’y balader à vélo.

C’est assez cher mais nous sommes arrivés à nous loger et manger de manière abordable avec un confort minimal. Nous nous sommes même fait plaisir avec une piscine sur la côte, pratique car les marées sont très importantes.

Les fruits tropicaux abondent : litchis, mangues, papayes, fruits de la passion, jack fruit (ci – dessous), corosol, ananas, bananes, pastèques, …. avec les cocos fraîches et le jus de canne à sucre, gingembre citron : un délice.

 

Les plats sont souvent d’inspiration mauricienne (riz à la cannelle par exemple), tanzanienne. Dans les petits restaurants locaux, on trouve de tout, des crevettes ou du thon grillé, des brochettes, des frites, des beignets, des chapatis ( ceux de Luukman restaurant sont les meilleurs, en pâte feuilletée ainsi que leurs smoothies) …

Les attraits et les attractions sont diversifiées. La ville de Stone town est un entrelas de ruelles où travaillent les artisans. S’y perdre est merveilleux. Autour des anciens palais des sultans, on découvre un certain délabrement, la pauvreté, le souvenir des anciens esclavagistes du XIXéme siècle mais aussi des riches demeures, et des hôtels luxueux…. Et bien sûr les écoles coraniques, les mosquées. Nous avons dormi au rez de chaussée d’une maison ayant plus de 200 ans. L’humidité y est intense et attaque les murs, mais la ville reste charmante. Nous avons d’ailleurs reçu pas mal de pluie tropicale les premiers jours sur l’île.

L’île fut le premier producteur mondial de clous de girofle, et l’on y trouve aussi la cannelle, le curcuma, le gingembre, la muscade, la cardamone, la vanille, le curry rouge (fleur dans laquelle on écrase les grains pour faire du rouge à lèvres naturel par exemple) le café, le cacao, le poivre … Nous avons découvert ces trésors de la nature, plantes médicinales et gustatives lors d’une visite dans une ferme. C’est une des attractions majeures de l’île, elle est faite avec un certain sens du folklore incluant la montée au cocotier par un jeune gars en sueur perché sur son tronc à 30 m de haut !!! Folklorique donc mais intéressant et fait de manière agréable. D’ailleurs, l’ambiance est agréable et décontractée partout. Ces cultures ont engendré une défrichement intensif, la forêt tropicale primaire est maintenant réduite à un confetti…

Et l’océan indien, chaud, ses plages de sable blanc, les sites de masques et tubas, de kite surf, de plongée, de pêche au gros … Et les dauphins. Parlons en des dauphins. Cela nous a valu une belle aventure. Lever à 6h du matin pour rejoindre la pointe sud de l’île et monter dans une barque. Un moment magique, comme lorsque nous étions allés voir les baleines nager dans le Saint- Laurent au Québec. Une activité moyennement compatible avec le respect de la vie sauvage mais les dauphins se prêtent gentiment et joyeusement au jeu, puisqu’ils sont quasiment toujours au rendez-vous. Sur une barque de pêcheurs à moteur, nous sommes partis de la plage vers le large. Les creux et les vagues étaient assez impressionnants ; nous ne nous attendions pas à cela !! Je ne me suis pas vue lâcher les enfants nager en haute mer même avec des palmes, donc je suis restée dans le bateau avec eux et les deux jeunes touristes éthiopiens (pas bien rassurés non plus…) qui étaient avec nous. Sam est allé dans l’eau et a pu voir les dauphins plonger vers l’abîme, remonter dans les vagues, virer comme des torpilles à travers les bateaux. Le Grand Bleu ! avec Sam en Jean Marc Barr , ça le fait non ?!!!!! Nous avons pu les admirer de très près, jouant et sautant à quelques mètres de nous. Puissance de l’élément liquide, bleu profond de l’océan…. Spectacle d’une grande majesté.

Zanzibar compte aussi parmi les plus beaux lagons du monde. Ce n’est pas ursurpé, même si l’accès aux zones marines protégées est restreint à un tourisme très haut de gamme. Les sites de masque / tuba que nous avons visité nous ont émerveillés. Bleu turquoise du lagon. Les poissons tropicaux étaient nombreux, les oursins géants, les coraux, les étoiles de mer. Un vrai jardin sous- marin, idyllique !!

La mer reste merveilleuse… Ça fait mal au cœur de voir comme on la maltraite alors qu’elle offre tant de richesses et tant de beauté. Comme partout en Afrique les déchets sont un problème, et les bouteilles en plastique se retrouvent sur les plages souvent par pure négligence. Cependant, l’île est assez propre.

Quand la mer se retire, elle laisse apparaitre une culture originale d’algues rouges. Ces algues servent à l’industrie agroalimentaire sous forme d’agar agar, une poudre gélifiante utilisée à la place de la gélatine de porc.

Sinon plus généralement, précautions moustiques et deux roues indispensables, on a vite fait de se faire renverser  ….

Bref, notre excursion nous a bien emballés. Nous avons laissé le camion à Mikadi Beach sous bonne garde, il ne lui ai rien arrivé et nous étions contents de le retrouver ; notre chez – nous nous a manqué !!!

 

 

 

Retrouvailles avec l’océan Indien

La route après Iringa s’est amplement arrangée, fini les kilomètres de travaux sans route; nous avons même traversé un parc national et aperçu quelques beaux animaux : antilopes, girafes, buffles, éléphants, zèbres, beaucoup de babouins.

Nous arrivons tout de même contents à Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, par une piste à travers la belle campagne tanzanienne, rejoindre Camille et Lewis.

Ouf nous avons réussi à nous croiser ici, eux partent exactement dans le sens inverse du nôtre. Ils sont aussi en camion et y vivent d’ailleurs à l’année, même en France. Leur Mercedes est un vrai bijou de 1973 qu’ils ont eux -même rénové et aménagé. Nous avons pu profiter de la mer entre deux averses, et nous sommes allés au marché au poisson sur la plage. Excellente ambiance dans ce bourg de pêcheurs.

Le temps de s’échanger quelques bons plans et une excellente nouvelle nous est parvenue du groupe Overlanding Africa de Facebook.  Depuis la fin de la Zambie, nous échafaudions diverses plans B car l’Ethiopie avait « interdit » l’entrée des véhicules étrangers même en transit, à ses frontières … Cela nous barrait complètement la route vers le Nord et le Moyen- Orient. Et là, nous apprenons que la situation a de nouveau changé et que le gouvernement éthiopien s’est ravisé. Il avait déjà entrepris la même chose quelques années auparavant mais le blocage avait duré trois ans. Cette fois -ci, cela aura duré deux semaines …. Juste le temps de nous prendre la tête !!! Enfin, maintenant nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve. L’aventure continue et nous savons à présent prendre les choses comme elles viennent !!!

 

Tanzanie du sud, entre lacs et montagnes

En Zambie, nous avions passé de bons moments avec les locaux, ici c’est pareil bien qu’ils ne parlent pas beaucoup anglais. Et oui, c’est le swahili qui sert aux différentes ethnies à communiquer. C’est donc une immersion en terre africaine encore plus importante que nous effectuons en Tanzanie, pays agraire. De beaux champs de patates, de choux, de carottes, de thé , de bananes .. Pour la première fois du voyage, les fruits et légumes sont vraiment peu chers, à nous les smoothies ananas avocat banane avec un peu de jus de mangues, les petits pois carottes, les kilos de tomates, les morceaux de canne à sucre fraîche à grignoter …. C’est sympa !! Par contre il n’y a aucun supermarché. C’est aussi la première fois que l’on trouve des endroits pour manger pas chers et bons. Le mauvais côté, depuis le Zimbabwe d’ailleurs, c’est les contrôles de police, fréquents, et les policiers plus ou moins corrompus. Plutôt moins que plus mais quand même ils tentent, sans succès jusqu’à présent. Ici, tous les sites touristiques sont 10 fois plus chers pour les touristes que pour les locaux ; mais tout, ou presque, est négociable. Le pire de tout, c’est les 250 km de route … Enfin justement de pas de route !!! Ce sont les chinois qui s’occupent des routes ici ( évidement c’est pas l’Etat qui va s’en occuper !) et ils font pas dans la demi- mesure … En fait carrément, ils virent la route et les véhicules, les poids lourds etc. se payent une pauvre piste défoncée où l’on avance avec peine à 30km/h !!! Le trajet jusqu’à Dar es Salam s’est donc fait par étape !

Nous nous sommes d’abord arrêté pour faire une balade au Ngosi Crater Lake, un lac dans un ancien cratère de volcan. En arrivant au portail, nous sommes tombés sur un groupe de jeunes femmes et nous leur avons proposé de les emmener au départ du sentier, puis nous sommes partis tous ensemble faire la rando, très belle, dans la jungle. Elles sont résidentes ici et travaillent pour une ONG italienne (lien sur notre page facebook). Ce sont des séjours d’un an dans des centres para- médicaux. Elles s’occupent d’enfants handicapés et d’éducation à la santé auprès des familles. Les cours de swahili, indispensable pour travailler ici, leur sont dispensés du coup, elles parlent couramment. Avec leur accent italien, c’est assez drôle de les voir parler swahili comme elles parleraient italien ! On ne ferait presque pas de différence !!! Bref, une belle rencontre que voici.

Le lendemain, nous filons nous baigner à Matema beach sur le lac Nyasa (ou lac Malawi) en nous posant dans un camping très sympa, le Blue Canoé Safari tenu par un couple tanzano- allemand, très sympas.

Nous allons aussi nous promener dans les Monts Livingstone surplombant le lac jusqu’à une chute d’eau. Le chemin est plutôt retord, les derniers mètres, nous avons dû les faire chacun  notre tour sans les enfants.

P1210210P1210213P1210239 (Copier)P1210245 (Copier)

Au départ du chemin, nous n’avons rien vu d’indiqué. Et au retour, un groupe de gars du village nous tombe dessus en nous reprochant le fait de ne pas avoir pris de guide ni payer d’entrée. Les seuls à parler anglais dans les environs, c’est pour nous taxer du fric !!! Nous ne nous sommes pas laissés faire, ils nous ont carrément bloqué le passage avec des pierres. Alors nous avons pris le temps (vite fait) de prendre un petit repas de midi, puis nous avons repris les discussions, qui s’envenimaient.  Chacun voulant avoir le dessus, question d’orgueil. Nous avons fini par leur dire qu’ils devraient avoir honte d’un tel comportement, en leur proposant même de payer un droit d’entrée, le même que nous avions acquitté au Ngosi Crater Lake. Et ces andouilles, ils ont préféré ne rien recevoir plutôt que d’accepter notre proposition, ce qui à leurs yeux leur auraient fait perdre la face. Rien de très joyeux donc ! Nous avons quitté ce groupe de fadas vite fait bien fait et avons repris la piste en direction de Mbeya (merci le 4×4 pour contourner les obstacles…), dans le but d’aller faire un coucou aux italiennes le lendemain. Deux d’entre elles  nous ont emmené sur leur lieu de travail, nous présentant les enfants et les parents etc..

Ensuite, nous sommes allés manger ensemble dans un petit restaurant de Mbeya le fameux chipsmahay, plat typique tanzanien, qui ressemble en fait à une tortilla ; ou du riz, des légumes et des haricots blancs.

Après un  tour au marché, elles sont retournées travailler et nous avons repris la route , la fameuse route en travaux interminable …. Nous nous sommes posés en bord de champ en début de soirée (il fait nuit vers 19h30)  et y avons passé la nuit. Le matin, nous étions dans le camion lorsque l’on a entendu de l’animation autour du camion et avons passé la tête pour saluer. Les personnes nous ont invités chez elles, dans la maison jusqu’à côté. Nous avons pu parler un peu anglais car le grand père de la famille était le pasteur de la paroisse (et donc a pu apprendre l’anglais à l’école secondaire). Une habitation typique, charmante, et une famille très agréable !! nous y avons passé un super moment, mangé des crêpes (au beurre alors que l’on en trouve jamais ici), bu du thé au gingembre délicieux. Leur petit-fils de un an a fait l’animation avec ses numéros de charme, et du charme il n’en manquait pas !

De là, nous avons emmené un garçon du village en stop jusqu’à la prochaine ville et avons continué pour nous poser pas trop tard dans un camping chez Saidi près d’un site naturel sympa, Isimila Stone Age site.

Une balade au milieu des Demoiselles Coiffées, dans un ancien lit de rivière, site sur lequel de nombreux restes de l’Homo Erectus ont été retrouvés. Les propriétaires du camping là encore très sympa, un couple là aussi germano-tanzanien. Pause très sympa pour une halte sur notre route vers Dar es Salam et les plages de l’Océan Indien !

On s’en souviendra de la Zambie !!!

Entrée fracassante par le pont de Victoria Falls, un pont construit au début du 20 ème siècle par Cecil Rhodes, gouverneur du Cap, qui souhaitait relier le Caire au Cap par le train. Ce projet colossal n’a pas abouti, mais le pont reste une belle œuvre de génie civil. Nous étions contents de le traverser en camion. Il n’a pas fallu trop trainer dessus à cause du poids !!! Nous avons passé la douane et ensuite profité de la journée à admirer les chutes du Zambèze côté Zam cette fois.

C’est ensuite que les choses se sont corsées ! Nous étions sur la route pour Lusaka, où nous avions prévu d’y passer quelques jours et d’y revoir les Nomads Road, avec qui nous avions débuté le voyage en janvier. Le sort en a décidé autrement ! A Mazabuka, nous avons eu la fourche d’embrayage qui a lâché ( et le roulement) et nous nous sommes retrouvés posés au bord de la route dans l’après-midi, à 120 km de la capitale. Dans notre malheur, nous n’étions pas isolés mais juste devant un poste de police.

Franchement, nous aurions pu tombes pire, les zambiens sont supers. Le policier nous a tout de suite appelé un mécanicien. Il a passé 5 jours à travailler sur le camion et nous espérions qu’il puisse régler le problème, a priori pas bien grave. Mais non ! Nous avons donc appelé nos « voisins » à la rescousse, avec qui nous étions en contact toute la semaine, une grande ferme, à 6 km de là. Et nous avons atterri, tiré par un tracteur, dans leur atelier, le jour de mon anniversaire ! L’atelier étant bruyant, il nous ont même fait dormir dans une maison de la propriété, dans des vrais lits, etc… Tout le monde était aux petits soins avec nous, Candice nous emmenant faire des courses, nous donnant même des repas préparés elle-même comme à la maison !!! Kapinga est une ferme immense, spécialisée dans la canne à sucre, le transport des cannes et le milling.

Nous avons passé le week-end à la ferme chez Johnny et Sandra. Johnny vient de l’île Maurice. Sandra est zambienne et nous a présenté sa famille et amis. Nous avons passé du temps chez Johnny, à manger ses bons petits plats mauriciens, boire du rosé. J’ai soufflé une bougie avec eux, goûter aux cupcakes de JP. Sandra m’a même donné du tissu africain. Elle m’a aussi fait goûter le Chibuku (boisson fermentée de maïs), un peu plus je repartais avec les tresses en pagne !  Les enfants ont aussi adoré pêcher au lac et manger les poissons.

Cependant après 4 jours, le problème n’était pas complètement résolu; les mécaniciens n’étaient pas très accoutumés à ce système (ils sont très spécialisés sur leurs machines). Nous avions trouvé un garage à Lusaka sur Ioverlander, et ils nous ont remorqué jusque-là n’ayant pas d’autres solutions pour nous (tout ça gratuitement).

Arrivés a Lusaka le jeudi en fin de journée, nous avons la visite des Nomads Roads au garage le lendemain. 6 mois que nous nous étions laissés en Afrique du Sud. Nos 6 premiers mois de voyage. Une bonne lancée. Nous voilà à Lusaka pour encore une semaine… Nous nous mettons à la recherche d’un taxi histoire de partir faire un tour, à pied au bord de la route. Une voiture s’arrête et nous prend en stop. Discussion de 5 minutes, en français et voilà qu’il nous propose de nous héberger, nous emmène chez lui, nous file ses clés !! Enorme ! Encore une belle rencontre. Fadi est un jeune libanais, photographe, qui a monté sa boîte de production à Lusaka. Intrépide, dynamique et créatif de talent, il fait des spots de pub pour la télévision avec son équipe. Nous avons visité ses studios. Génial !! Il nous a donc hébergé et fait gouter pleins de petits plats libanais. J’ai aussi rencontré Ruth, docteur en médecine indienne et professeur de Yoga kundalini, un super moment et un massage pour mon anniversaire.

Nous avons aussi rendu plusieurs visites aux Nomads Road, hébergés dans une grande ferme, chez Maggy, au milieu des antilopes, des buffles et des zèbres. Il y a aussi des lions, dont un couple de lions blancs, nés en captivité, que l’on entend rugir tous les soirs. Un dimanche, nous avons participé à une après-midi brai avec eux et la famille de Maggy, avec tour en barque sur le plan d’eau et piscine.

Bref, cette panne nous a permis d’appréhender une nouvelle facette des voyages, l’accueil de la population. Elle nous a aussi permis de nous poser, d’avoir un peu plus de confort et de réfléchir à notre itinéraire et surtout à notre timing. Il va falloir rouler un peu !! Heureusement, fini les pistes qui tapent et qui déboulonnent tout, place au bitume (pas toujours lisse) !!

Petit arrêt à la ferme aux crocodiles ( Kalimba reptile park), avant de prendre la route plein nord vers la Tanzanie, avec un arrêt aux sources d’eau chaudes de Kapishya.